L’Autorité de Sûreté Nucléaire a présenté le 15 avril son rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de radioprotection en France en 2013, et fait le point sur les priorités stratégiques de 2014. Si l’état est jugé globalement satisfaisant, le document pointe cependant des secteurs à améliorer.
L’année 2013 s’est située dans la lignée des précédentes, avec un nombre d’incidents déclarés stable et une situation actuelle globalement satisfaisante. Mais, l’ASN constate, comme l’année précédente un accroissement significatif de la durée des arrêts pour maintenance des réacteurs d’EDF, qui doit faire l’objet d’une action prioritaire de l’énergéticien, de même que la rigueur des opérations d’exploitation au quotidien qui reste à améliorer. Elle note de plus de nombreux écarts en matière de protection de l’environnement sur l’ensemble des centrales. Si certains sites se détachent positivement, soir en sûreté nucléaire, soit en radioprotection, soit encore en protection de l’environnement, d’autres par contre restent en retrait sur un ou plusieurs plans.
Pour les installations du Groupe AREVA, les efforts doivent être poursuivis pour la reprise et le conditionnement des déchets anciens de La Hague, et une amélioration des performances en matière de sûreté nucléaire fera l’objet d’un contrôle de l’ASN pour le site de fabrication de combustible de Romans-sur-Isère.
S’agissant du CEA, la démarche de « grands engagements » engagée depuis 4 ans doit être poursuivie et renforcée et tout retard justifié. L’Autorité se montrera d’autre part attachée au respect des calendriers pour les installations concernées par un arrêt proche et restera vigilante sur les réexamens de sûreté que le CEA doit réaliser de façon exhaustive, afin que l’ASN puisse travailler dans des conditions satisfaisantes.
Enfin, dans le domaine de la radiographie médicale, inspections dans les centres montrent une évolution en grande partie positive, mais la sécurité et la qualité des soins dispensés aux patients demeurent très hétérogènes. L’ASN rappelle que la maîtrise des expositions aux rayonnements ionisants est un objectif prioritaire, alors même que le rapport montre des défaillances dans le domaine de l’optimisation de ces pratiques et souligne les progrès qui restent à accomplir.
Le Président de l’ASN, Pierre-Franck Chevet, a de plus souligné « les enjeux sans précédent pour l’avenir » :
- la poursuite du fonctionnement des réacteurs actuels au-delà du 4ème réexamen décennal nullement acquises, car plusieurs conditions restent nécessaires : cuves de réacteur et enceintes de confinement qui doivent répondre aux objectifs fixés, exigences plus récentes pour les réacteurs de nouvelle génération, améliorations demandées après Fukushima, etc. ;
- un accident nucléaire toujours possible et qui en Europe concernerait plusieurs pays : cela nécessite une harmonisation des gestions de crise ;
- le stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde, sur lequel l’ASN ne prendra une position, au cas par cas, qu’après la démonstration de sa sûreté ;
- le radon, gaz cancérigène, préoccupant avec des variations locales importantes, notamment des 31 départements français prioritaires du fait de leur niveau d’émanation de ce gaz ;
- la nécessité de renforcer le dispositif de contrôle pour répondre à ces enjeux.
Source : ASN