Appelés aussi pourriels (au Québec) ou polluriels, les spams, courriers électroniques non sollicités et indésirables représentent actuellement, selon une étude de Symantec datant de 2009, environ 90 % des courriels échangés. Et sans en avoir l’air, ils consomment une belle quantité d’énergie et par conséquent sont à l’origine d’émission de CO2.
Toujours plus
Les chiffres grimpent à toute vitesse : en 2002, 14,8 % des courriels étaient des spams (le bon temps !), mais déjà 74 % en 2004, 86,3 % il y a six mois, et nous en sommes à 90,7 %. Il s’agit en fait d’une véritable industrie : 120 à 200 milliards en sont envoyés chaque jour. Il y a quelques mois encore, ils étaient généralement en anglais et envoyés à l’aveuglette. Mais ils deviennent de plus en plus ciblés et s’adaptent à la langue du pays où ils sont envoyés.
En 2004, Microsoft indiquait que Bill Gates était certainement la personne la plus visée par les spams du monde : il en recevait déjà à l’époque environ 4 millions par jour. Tout un service de Microsoft étaient chargée de trier cette masse, pour y retrouver les quelques 10 courriels qui devaient lui parvenir.
Et pas tous anodins
Mais attention, les spams peuvent aussi être dangereux : pour l’ordinateur, car ils représentent une excellente route pour les virus ; pour l’utilisateur de l’ordinateur, car ce sont parfois des tentatives d’hameçonnage (ou phishing), escroqueries qui consistent à imiter des sites officiels (banques surtout), récupérer les coordonnées bancaires de l’usager, persuadé qu’il communique avec sa banque. Activité généralement rentable de surcroit, il suffit pour cela qu’un seul mail sur 100 000 conduise à un achat.
Mais quelle consommation
Au delà des désagréments que les spams représentent, il s’agit aussi d’un véritable fléau écologique, puisque l’activité qu’ils génèrent – l’envoi, la réception, la suppression – équivaut chaque année, selon l’AFP, à autant de CO2 rejeté que plusieurs millions de voitures. Selon un autre calcul, chaque pourriel est à l’origine de l’émission de 0,3 g de CO2, contre 4 g pour un e-mail légitime (celui auquel on répond).
Selon une étude publiée par McAfee en 2009, l’ensemble des pourriels ou polluriels, et on comprend bien ce nom, ne consomment pas moins de 33 milliards de kWh d’électricité, pour une émission de gaz à effet de serre équivalente à 17 tonnes de CO2 par an. Le trafic actuel de spams engendre les mêmes émissions de GES que 3,1 millions de voitures, consommant 7,57 milliards de litres d’essence ! Ce rapport de 2009, réalisé par ICF International, précise :
Lorsque McColo, une source majeure de spam, a été mis hors circuit à la fin de l’année 2008, l’économie d’énergie réalisée dans l’accalmie qui a suivi (avant que les spammeurs ne trouvent de nouveaux canaux pour leurs envois) a correspondu au retrait de 2,2 millions de voitures de la circulation.
Nos messageries actuelles trient généralement directement ces courriels indésirables, mais, avant de les détruire, il vaut toujours mieux jeter un œil sur la liste, car il arrive qu’on y retrouve du courrier attendu. Sans les ouvrir bien sûr, il faut souvent déjà plusieurs minutes pour visualiser toute cette liste: que de temps et d’énergie perdus !
Aucune réponse mondiale n’est apportée actuellement à ce fléau : certaines législations sont plus souples que d’autres, comme dans certains pays d’Asie du Sud-Est ou d’Afrique. Au Nigéria, par exemple, où, selon M. Correnti, expert chez McAfee, les recettes liées aux spams représentent 10 % du PIB.