On définit souvent l’hydrogène par une couleur : « gris » lorsqu’il est produit à l’aide des énergies fossiles, « vert » lorsqu’il est produit à partir d’énergies renouvelables. Mais on oublie que l’hydrogène vert peut également être produit avec la biomasse agricole. C’est dans cette production que se lance une entreprise de la Sarthe, Qairos Energies, une entreprise de la bioéconomie qui imagine des procédés industriels afin de produire, en économie circulaire et à partir de la biomasse, des gaz verts.
La gazéification à la biomasse agricole : une alternative à l’électrolyse
Le problème de l’hydrogène, c’est qu’on ne le trouve pas dans la nature : On doit le fabriquer. Son atout, c’est qu’on peut le fabriquer partout et notamment près des lieux il peut être consommé. Mais généralement, on le fait par électrolyse de l’eau. Or cela demande de l’énergie, qu’elle vienne de sources fossiles, nucléaire ou encore renouvelables. Et s’il peut réduire la pollution en ne rejetant que de l’eau, le produire avec des énergies fossiles ne sert à rien : on déplace juste le problème de pollution.
L’entreprise de la Sarthe s’est donc lancée dans l’alternative de l’hydrogène vert de biomasse agricole comme alternative à l’électrolyse. La biomasse agricole est disponible partout en France. Encore ne faut-il pas que la production de l’hydrogène vienne en concurrence avec la production alimentaire. D’où l’idée d’utiliser le chanvre. Le chanvre utilisé ici présente l’avantage particulièrement adapté comme tête d’assolement. C’est-à-dire une culture qui se place en rotation entre deux récoltes vivrières (le blé par exemple). La plante d’assolement joue le rôle de régénération des sols et évite l’utilisation de produits phytosanitaires.
Un hydrogène vert qui présente bien des avantages
Le chanvre présente l’avantage d’être cultivé par les agriculteurs autour de l’unité de production d’hydrogène vert. On le récolte pour créer du gaz : c’est la gazéification qui permet d’obtenir soit du méthane vert, soit de l’hydrogène vert. « Comme la gazéification produit deux gaz différents à la demande, on peut fournir du méthane vert dès maintenant pour le réseau de gaz. Ensuite, avec la même installation, on produit de l’énergie pour les trains, camions puis voitures et avions qui utilisent de l’hydrogène », explique Jean Foyer, président de Qairos Energies. « L’avantage de la gazéification de la biomasse agricole plutôt que l’électrolyse, c’est que c’est vraiment LE procédé de la transition énergétique ».
Une solution performante selon l’entreprise : une seule unité de production d’hydrogène vert de biomasse agricole peut fournir en énergie autant que la consommation annuelle de 10 000 logements. Ou encore l’équivalent en carburant pour 12 700 voitures diesel pendant un an. Et une solution qui résout aussi 4 problèmes majeurs qui se posent aux énergéticiens :
- Le méthane et l’hydrogène issus de la biomasse sont des énergies renouvelables stockables,
- Le modèle d’unité de production est duplicable partout où la biomasse est disponible,
- Les unités de production de gaz verts sont adaptables aux besoins des clients,
- Les coproduits sont tous valorisés : zéro déchet résiduel.
Le démonstrateur industriel est sorti de terre début 2020. L’activité commerciale doit débuter au deuxième semestre 2021.
Source : Qairos Energies