Plus d’un millier de sources d’eau potable sont menacées de fermeture en France, en raison de la pollution ou d’un niveau insuffisant en été. L’UFC Que Choisir interpelle le Ministère de l’Environnement afin d’obtenir un bilan détaillé des actions de protection entreprises contre les pollutions aux pesticides et aux nitrates de ces sources ou contre la diminution de leur niveau.
Des sources d’eau potable identifiées depuis plusieurs années
La qualité de l’eau représente un enjeu important et plus de deux millions de consommateurs en France sont desservis par une eau contaminée aux polluants agricoles. La France a d’ailleurs été plusieurs fois rappelée à l’ordre par l’Europe et même condamnée par la Cour de Justice Européenne. C’est à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau (le 22 mars) que l’association de consommateurs a attiré l’attention sur le millier de sources d’eau potable menacées.
Les fleuves et les nappes phréatiques sont de plus en plus pollués par les rejets agricoles ou bien voient leur niveau diminuer de manière drastique en été. En 2009, lors du Grenelle de l’Environnement, 532 captages menacés avaient été classés prioritaires afin de restaurer la qualité de leur eau. 500 autres sont venus s’y ajouter en 2013. L’UFC Que Choisir demande aujourd’hui « un bilan détaillé des mesures de protection mises en œuvre, telles qu’exigées par la loi. »
Des mesures prévues par la loi
« Sur ce millier de sources prioritaires, 29 % sont menacées de fermeture du fait des pollutions en pesticides, 10 % du fait des pollutions en nitrates et 42 % du fait des pollutions cumulées en pesticides et en nitrates » précise l’association.
Pour les protéger, la loi prévoit de développer à proximité des modes de production plus respectueux de l’environnement (agriculture biologique par exemple) ou d’encadrer strictement, voire d’interdire, l’usage de pesticides et d’engrais (en cas de maintien d’une agriculture conventionnelle) : »Les exemples de Lons-le-Saunier en France, d’Augsbourg ou de Munich à l’étranger, démontrent l’efficacité de ces mesures. Ainsi à Lons-le-Saunier l’implantation de prairies et de l’agriculture biologique à proximité du captage, ainsi que la rotation obligatoire des cultures et la réduction des engrais et pesticides dans le périmètre éloigné, permettent de distribuer l’eau sans autre traitement que la chloration, pour un surcoût douze fois moins élevé que le coût moyen d’un traitement des nitrates. »
Pour les sources qui enregistrent une importante diminution de débit pendant l’été, il est prévu de limiter fortement les utilisations agricoles ou industrielles, afin de préserver la distribution d’eau potable.
6 ans plus tard…
Ces mesures devaient être mises en place pour donner leurs premiers résultats en 2012. Six ans plus tard, « force est de constater à ce jour l’absence d’information précise sur la mise en œuvre des mesures de protection » et ce, ni au niveau national, ni au niveau local (préfectures).
Aucun plan sécheresse n’est paru non plus, alors qu’il avait été annoncé pendant l’été dernier. Quant aux Etats Généraux de l’Alimentation, ils ont « fait l’impasse sur la politique de l’eau. » L’UFC Que Choisir demande donc au Ministère :
- De publier un bilan détaillé des mesures de protection et de leur impact sur la protection des captages prioritaires,
- D’établir un plan sécheresse permettant de sécuriser les approvisionnements en eau potable.
Source : UFC Que Choisir