Plus de 50 élus français et allemands ont signé une tribune dans le journal Libération, sous le titre « Osons le new deal entre la France et l’Allemagne ». Ils y appellent les dirigeants des deux pays à combiner leurs trajectoires énergétiques afin de construire une Europe de l’énergie, engagée dans la lutte contre le dérèglement climatique.
Une politique du « tout perdants »
Cette tribune paraît dans un contexte particulier, où les deux pays doivent prendre des décisions « qui auront un impact majeur sur notre avenir énergétique« . Pour la France, il s’agit de la Programmation Pluriannuelle de l’énergie (PPE), pour l’Allemagne de la date de sortie du charbon qui doit être fixée par la Commission du charbon.
« Ces deux décisions, française et allemande, sont très attendues au moment où nous sommes en train de bâtir l’Europe de l’énergie. Ce grand chantier doit permettre à la fois d’assurer notre sécurité énergétique, mais aussi d’accélérer la transition vers un système énergétique plus propre et résilient et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. »
Chacune des deux populations se méfie des choix énergétiques de l’autre : méfiance envers le charbon pour les Français et envers le nucléaire pour les Allemands. Et « le manque de coordination aboutit à une situation du tout perdants« , qui fait que la France risque de rater ses objectifs de transition énergétique et l’Allemagne ceux de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Contre une politique gagnant-gagnant
« Français et Allemands doivent faire un pas l’un vers l’autre. Le président de la République et la chancelière allemande ont l’occasion de construire un new deal gagnant-gagnant sur la transition énergétique d’ici la fin de l’année. » En effet, « la peur de devoir consommer de l’électricité produite par des centrales à charbon allemandes fait hésiter la France à enclencher la diminution de son parc nucléaire« .
En actant la fermeture d’un nombre significatif de centrales nucléaires d’ici 2028, les Français rassureraient les Allemands qui pourraient « prendre sereinement la décision de sortir du charbon, sans risque d’importer de l’électricité nucléaire. »
Ce « new deal énergétique » qui combine la PPE et les plans de sortie du charbon pourrait être « l’acte fondateur de l’Union de l’énergie dont l’Europe a tant besoin pour accélérer la lutte contre le dérèglement climatique« , estiment les élus signataires. Ils concluent ainsi : « Monsieur le président de la République, Madame la chancelière allemande, osons ensemble porter ce new deal de l’énergie en Europe« .
Source : Libération