En Europe, les députés européens appellent à un plan de relance vert et ambitieux pour sortir de la crise provoquée par le coronavirus. En France, le Haut Conseil pour le Climat (HCC) est sur la même longueur d’ondes et veut accélérer la transition pour renforcer notre résilience aux risques sanitaires et climatiques. Ce n’est pas obligatoirement l’envie des grandes organisations patronales qui penchent plutôt pour des assouplissements du programme environnemental.
Un plan de relance vert pour le Parlement européen
Tous sont d’accord sur la nécessité d’un plan de relance après la crise sanitaire majeure que sommes en train de vivre. Le Parlement européen reste dans l’optique de l’urgence climatique et du Pacte vert européen présenté en décembre dernier. La commission de l’environnement du parlement vient d’affirmer, que malgré la crise sanitaire, l’Europe doit rester ferme sur le changement climatique et la le calendrier prévu pour le climat.
Le Parlement européen a ainsi appelé dans une résolution à proposer un plan de relance et de reconstruction d’après confinement qui « ait pour moteur le pacte vert et la transformation numérique afin de faire repartir l’économie ». Il estime que la loi européenne sur le climat, qui tend vers une neutralité carbone en 2050, doit avancer comme prévu. Une proposition de révision des objectifs CO2 pour -ci sera donc bien présentée en septembre.
Un plan de relance vert pour le HCC aussi
En France, le HCC vient de présenter un rapport « Climat, santé : mieux prévenir, mieux guérir – Accélérer la transition juste pour renforcer notre résilience aux risques sanitaires et climatiques ». Celui-ci est consacré aux enseignements à tirer de la crise du COVID-19 pour le climat, et aux suites à donner vers la neutralité carbonique.
Le Conseil estime que la réponse du gouvernement à la crise sanitaire et son plan de relance doivent soutenir la transition bas carbone juste, pour renforcer notre résilience aux risques sanitaires et climatiques. « Il est essentiel de placer les enjeux climatiques au cœur des plans post crise du COVID-19. La reconstruction économique et sociale devra notamment réduire nos vulnérabilités, privilégier la décarbonation et transformer plutôt que de sauvegarder à tout prix. Les mesures budgétaires et fiscales devront être subordonnées à des perspectives compatibles avec la transition bas-carbone, s’éloigner des énergies fossiles et favoriser des approches innovantes des déficits et dettes publiques, et privilégier les secteurs structurants et porteurs d’emplois en lien avec une transition bas-carbone juste », explique le communiqué.
Un programme environnemental en partie suspendu pour le patronat
Cela ne fait pas le bonheur de certains chefs d’entreprises. Selon Le Monde, de nombreuses voix s’élèvent au Medef, à France Industrie et à l’Association Française des Entreprises Privées (AFEP), pour réclamer des assouplissements et des délais supplémentaires dans le programme environnemental de la France, et de l’Europe. Le patronat cherche à profiter de la crise sanitaire pour pousser le gouvernement à revoir la réglementation, notamment sur la réduction des gaz à effet de serre et l’économie circulaire en faveur d’une gestion durable des ressources.
L’AFEP par exemple estime que ces règles « représentent un frein pour sortir de la crise économique », en particulier en mobilisant « des ressources importantes au sein des entreprises ». Le lobby patronal demande donc la suspension de plusieurs avancées récentes sur l’environnement. Notamment décaler d’un an la révision de la directive sur les émissions industrielles de CO2, et reporter d’une année les dispositions sur l’économie circulaire au niveau européen, adoptées par la France en 2019. Un plan de relance, oui, mais moins vert en quelque sorte.
Sources : Parlement européen, Haut Conseil sur le Climat, Le Monde