L’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturne (ANPCEN) vient de publier un suivi de l’état actuel de la pollution lumineuse en France sous la forme d’une cartographie en couleurs de la métropole et de la Corse. Cette pollution lumineuse concerne en effet « 6 millions de personnes, 36 000 communes et tous les milieux naturels » en raison de « ses impacts mesurables sur la biodiversité, sur le sommeil et a santé humaine, sur la consommation d’énergie, sur les dépenses publiques, sur l’observation du ciel étoilé pour tous à proximité de chez soi. »
Les nuisances lumineuses sont reconnues par la loi en France. Pour autant, il n’existe pas d’objectif national chiffré de progrès, ni de plan d’actions organisé, ni d’outils publics de mesure et d’indicateur. « De plus, la recherche d’efficacité énergétique est souvent confondue, à tort, avec une politique de réduction des nuisances lumineuses » déplore l’association. En effet, une politique visant seulement la recherche d’efficacité énergétique ne se traduit pas nécessairement par une réduction de la quantité globale de lumière émise la nuit, mais plus par une sobriété énergétique par les usages et les mesures de bon sens.
Ainsi, si on constate une certaine stabilisation de la consommation énergétique liée à l’éclairage public depuis 2005, la quantité de lumière artificielle est fortement en hausse depuis les années 80 : +94 % entre les années 90 et 2012, avec un taux de croissance moyen de 3,3 % en France depuis 1992. Le parc d’éclairage public compterait désormais 11 millions de points lumineux, soit 89 % de plus depuis 1992, tout comme, dans le même temps, augmentaient les durées d’éclairement.
Or la lumière artificielle nocturne n’est conçue que de manière anthropique. « Ainsi, elle ignore à ce jour la fragmentation des milieux par la lumière, les besoins et les comportements la nuit des êtres vivants de la biodiversité, comme les caractéristiques de leur vision spécifique. Pourtant la perception de la lumière est très différente entre humains et espèces vivantes, vivant sur les mêmes territoires » précise l’ANPCEN.
L’association propose donc une première estimation moyenne de la visualisation de la lumière artificielle nocturne pour les espèces. Elle doit encore être affinée selon les particularités de chacune. Cela se présente sous forme de cartographie, qui met à jour la qualité de la nuit en France, importante pour les hommes comme pour la biodiversité. Elle présente un dégradé de couleurs, du blanc au violet qui « décrit une qualité du ciel et de l’environnement nocturnes qualifiée de très mauvaise à maximale. »
L’association en arrive à cette conclusion : « En 2015, de très rares endroits en France sont préservés. La dominante jaune de la carte démontre que la qualité de la nuit en France, avant toute modulation de l’éclairage public, est médiocre ou au mieux moyenne dans nombre de zones urbanisées. Les agglomérations génèrent des halos lumineux perceptibles à forte distance. La diagonale du centre avec un environnement nocturne en moyenne de meilleure qualité est liée à la faible densité démographique des espaces concernés et aux effets de masquage par le relief, atténuant la perception de la pollution lumineuse des villages se trouvant dans les vallées. »
L’ANPCEN publie d’autre part un dossier sur les propositions faites au gouvernement, afin de construire une politique de prévention et de limitation des nuisances lumineuses en France.
Source : ANPCEN