La Belgique est en première ligne pour chercher à défendre son territoire contre la montée des eaux. Il est dans ce but envisagé de construire une île artificielle, pilote d’un projet qui pourrait en compter d’autres, sur la commune de Knokke-Heist (à la frontière des Pays-Bas). Ce programme ne fait cependant pas l’unanimité, loin s’en faut !
Une île artificielle à 1,2 km de la côte
L’idée vient d’un ministre flamand : créer une île artificielle de toutes pièces pour contrer la montée du niveau de la mer, qui risque de s’aérer dévastatrice dans le « Plat Pays ». En effet, les travaux du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), ce niveau pourrait s’élever de 30 cm à 80 cm d’ici la fin du siècle, si rien n’est fait pour ralentir le dérèglement climatique. D’autres scientifiques sont même encore plus pessimistes. A ce rythme, une ville comme Anvers se trouverait submergée d’ici 2050.
Il s’agit donc de créer une île artificielle-pilote, d’une superficie de 40 hectares dans un premier temps, éventuellement plus par la suite, située à 1,2 km de la plage de Knokke-Heist. Elle mesurerait 1 km de long sur 300 m de large. Nathalie Balcaen, de l’Agence des services maritimes et côtiers, explique ce projet : « On veut étudier l’effet d’une telle installation pilote sur les défenses côtières, afin de décider par la suite à quoi devront ressembler les défenses maritimes jusqu’à 2100. L’idée, c’est que les grosses vagues s’écraseront contre elles et perdront leur énergie pour arriver sur la plage avec moins d’intensité« . En cas de succès, d’autres îles pourraient être construites sur la côte belge.
Le Secrétaire d’Etat à la Mer du Nord croit fermement à ce projet, estimant de plus qu’il sera possible de revenir en arrière, si cette île artificielle ne remplissait pas son rôle : « On attend le dossier de la Flandre. Si celui-ci montre qu’il n’existe pas d’autre possibilité pour protéger la côte et la nature, alors ça pourra se faire. A contrario, si l’île ne produit pas les résultats escomptés ou si elle entraîne des effets délétères, il faudra la déconstruire et rendre à la mer ses conditions originales. »
D’autant que pour lui, sur cette île artificielle, qui pourrait jouer un rôle de réserve d’animaux, aucune activité ne se développerait. Elle ne serait occupée ni par des maisons, ni par des éoliennes : « Elle vise à défendre la côte, donc il faut évier que d’autres activités interfèrent avec cet élément de protection ».
Knokke-Heist, une station balnéaire
Mais la ville de Knokke-Heist est uns station balnéaire et redoute que cette île artificielle, située face à la plage, fasse fuir les touristes. Un ancien champion de planche à voile belge résume ainsi les effets attendus de ce projet : « C’est la fin des activités nautiques, du tourisme. On n’a plus vue sur la mer. On ne sera plus au bord de mer, mais au bord d’un canal« .
Le bourgmestre de Knokke-Heist, ainsi que tout le collège d’échevins, s’y opposent aussi fermement. Ils craignent également que ce projet fasse perdre de la valeur aux appartements de la ville situés sur le front de mer. Cette île artificielle transformerait le littoral en « canal morne et sans âme« . Ils redoutent de plus que les péniches empruntent les eaux plus calmes de ce « canal » créé entre la plage et l’île, au risque d’en faire « un égout à ciel ouvert » à cause des déchets et des dégazages de bateaux. Ils ont donc mandaté un bureau d’avocats spécialisé pour utiliser tous les moyens juridiques possibles afin de s’opposer au projet.
Sources : Le Monde, L’Echo, DHnet, Weather