Alors qu’une large majorité des Français se prononçait encore en faveur du nucléaire il y a 5 ans, un sondage réalisé par Odoxa pour le magazine Challenges montre que beaucoup ont changé d’avis. Ils se déclarent maintenant en majorité contre. Ils estiment cependant que rien ne presse pour en sortir, même si le développement des énergies renouvelables et la lutte contre le réchauffement climatique sont leur priorités.
53 % des Français contre le nucléaire
Plus des deux-tiers des Français (67 %) se déclaraient encore favorables, il y 5 ans, « à la production d’énergie par des centrales nucléaires« . Mais depuis, l’opinion s’est « spectaculairement retournée« , selon Odoxa qui relève qu’une nette majorité (53 %) s’y déclare maintenant opposée.
Cette moyenne masque cependant que de profondes disparités sociologiques fracturent en réalité l’opinion publique. Ainsi les hommes (61 %), cadres (59 %), et plus généralement les classes les plus favorisées et les plus de 50 ans, restent encore majoritairement favorables au nucléaire. A l’inverse, les femmes (64 %), les trentenaires et les « quadras » (57 % et 61 %), ainsi que les classes populaires et les Français aux revenus modestes, s’y déclarent majoritairement opposés.
Ce clivage se ressent aussi politiquement parlant. Les sympathisants de droite et de LREM (La République En Marche) sont à plus des deux-tiers toujours favorables au nucléaire. Ceux de gauche (socialistes et « insoumis »), ainsi que les Français ne se déclarant d’aucun camp, s’y déclarent à l’inverse largement opposés.
Prudence et patience
Si la majorité des Français souhaitent sortir du nucléaire, ils estiment cependant que rien ne presse. Ils se montrent plus pragmatiques que dogmatiques à ce sujet. Prudence et patience sont les maîtres-mots, concernant l’application de la décision de faire passer la part du nucléaire dans la production d’électricité en France, de 75 % aujourd’hui à 50%.
En effet, l’immense majorité (71 %) préfèrent « que l’on attende la fin de vie des centrales, sous le contrôle de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, quitte à ce que cela prenne plus de temps » plutôt qu’ils ne souhaitent (à 28 %) « que l’on aille le plus vite possible vers cet objectif, quitte à rendre plus cher le coût de l’électricité« . Cette volonté d’aller doucement est totalement consensuelle dans toutes les catégories de la population.
Priorité aux objectifs environnementaux
Mais le prix n’est pas tout. Le coût de l’électricité est une priorité deux fois moins importante aux yeux de nos concitoyens que le développement des énergies renouvelables et la lutte contre le réchauffement climatique. En effet, les objectifs environnementaux l’emportent très largement sur les impératifs de coût.
Le développement des énergies renouvelables vient en première priorité (57 %), selon eux, devant la lutte contre le réchauffement climatique (52 %) pour la politique énergétique de la France. Diminuer le prix de l’électricité n’apparaît qu’en troisième position, et loin derrière : 29 % seulement. Les autres attentes concernent principalement la sécurité des installations.
Source : Odoxa