La ville de Paris va prochainement se doter d’une colonne Morris un peu spéciale, celle-ci a une action dépolluante en agissant comme un puits de carbone : des microalgues captent et transforment grâce à la photosynthèse le dioxyde de carbone en oxygène. La start up Fermentalg et le groupe Suez vont expérimenter ce dispositif pendant un an sur la place Victor et Hélène Basch (dite place d’Alésia, dans le XIVème arrondissement), où plus de 70 000 automobiles se croisent chaque jour.
« Aucune autre technologie ne remplit cet objectif de réduire la pollution dans le milieu urbain » précise la Mairie de Paris. En effet, le système utilise un procédé parfaitement naturel, puisque le prototype s’inspire de la photosynthèse : une colonne en verre remplie d’eau dans laquelle des microalgues absorbent le gaz carbonique présent dans l’air, car issu des rejets toxiques des moteurs, grâce à une ventilation. Ces organismes vivants (des chloroplastes) vont pour cela capter la lumière naturelle ainsi que celle provenant de barres de LED. L’air qui ressort de la colonne est épuré. Les algues vont ainsi croître et se multiplier.
Mais le processus ne s’arrête pas là : une fois trop nombreuses, les microalgues arrivées à terme sont prélevées, évacuées par le réseau d’assainissement vers une station d’épuration, traitées puis méthanisées afin de produire une énergie verte, le biométhane. La colonne contient un bioréacteur permettant de fixer une grande quantité de dioxyde de carbone : un puits de carbone d’1 m3 d’eau permet de fixer une quantité de CO2 « équivalente à celle de 100 arbres, soit 1 tonne de CO2 par an » selon la start up qui voit donc un fort potentiel dans ce système.
Un puits de carbone de ce type est aussi en expérimentation à Colombes (92) et répond à ces deux mêmes objectifs : la purification de l’air et la production d’une énergie verte par la valorisation des rejets de CO2. Le SIAAP (Service public de l’assainissement francilien) qui le met en œuvre, « le puits de carbone s’inscrit pleinement dans cette démarche qui vise à faire émerger une économie circulaire robuste à partir d’énergies renouvelables issues de solutions alternatives. »
Pour Paris, c’est la colonne Morris de 4 mètres de haut pour 2,5 mètres de diamètre qui a été choisie « juste pour une question de design » car, selon Philippe Lavielle, président-directeur de Fermentalg, « ce prototype visuel pourrait susciter un dialogue citoyen. » Mais « si cette expérimentation s’avère efficace en termes de captation, le processus pourrait être déployé sur d’autres zones à forte concentration de gaz carbonique, comme les bouches d’aération de parkings ou sur les parois des tunnels du périphérique » précise Bertrand Camus, directeur général de Suez France.
Sources : Réponse-conso, 20 minutes, SIAAP