Des chercheurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), conscients de la nécessité d’enrayer la spirale infernale des consommations énergétiques en cascade dues à un simple clic de souris, ont développé pour le Crédit Suisse, à l’origine de la demande, un outil permettant de contrôler et d’économiser l’énergie consommée par les grands centres de données et de traitement informatique.
Actuellement en Suisse, Internet représente 8 % de l’énergie utilisée par le pays, mais ce chiffre pourrait doubler dans les années à venir. Des chercheurs du Laboratoire des Systèmes Embarqués (ESL) de l’EPFL propose une solution qu’ils ont mise au point et qui engendre d’importantes économies d’énergie : de l’ordre, selon le directeur du Laboratoire, David Atienza, de 30 %, voire de 50 % de la consommation actuelle. Ce système, nommé Power Monitoring System and Management (PMSM) met sous contrôle la consommation énergétique d’un centre de données et répartit les charges de travail entre les nombreux serveurs informatiques :
Il consiste en un boîtier électronique comprenant un ensemble de capteurs. Chacun d’eux peut être connecté soit à l’alimentation des racks, soit directement à l’un des câbles qui alimentent les composants électroniques du serveur. En mesurant en direct le courant qui y passe à un moment donné, il peut ainsi connaître la puissance utilisée, enregistrer ses variations et contrôler que rien ne surchauffe. Toutes ces informations sont transmises à un serveur central ou le logiciel de contrôle du PMSM est exécuté. Compulsées avec d’autres données – telles que température de la salle ou ordre de priorité des opérations en cours -, elles sont traitées, puis mises sous forme de tableaux montrant l’évolution de la consommation d’énergie des serveurs, qui peuvent être consultées à distance et en temps réel.
Cette invention offre une vision d’ensemble précise de l’utilisation d’un parc de serveurs. En proposant des reports de charges de travail d’une machine à l’autre, il génère des économies d’énergie, car déclare David Atienza : « deux serveurs fonctionnant à 40% chacun consomment beaucoup plus qu’un seul à 80%. »
Ce nouvel outil est maintenant en fonctionnement au Crédit Suisse qui souhaite réduire l’empreinte énergétique et économique de ses centres de données. Son objectif : qu’une puissance de calculs toujours plus grandes soit peu à peu assumée par de moins en moins de serveurs, car, comme l’explique Marcel Ledergerber, responsable de la gestion de ce complexe :
Le PMSM nous permet de concentrer nos machines dans un espace plus restreint. Les informations précises qu’il nous fournit nous permettent de mieux contrôler les questions de température, et donc de gérer le tout de manière plus sûre.
Source : EPFL