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Une stratégie nationale contre la déforestation importée

Conformément au Plan Climat adopté en juillet 2017, le gouvernement vient d’annoncer l’adoption de la stratégie nationale de lutte contre la déforestation causée par l’importation de produits forestiers et agricoles non durables. Une stratégie qui se veut seulement incitative et ne comporte donc aucune réglementation contraignante, ce que regrette les ONG.

Stratégie nationale de lutte contre la déforestation

Une stratégie, fuit d’une consultation publique

La superficie forestière mondiale a été réduite de 129 millions d’hectares entre 1990 et 2015, entraînant une hausse des émissions de gaz à effet de serre et un appauvrissement de la biodiversité et des habitats naturels. Un tiers de cette déforestation est due à la consommation de produits agricoles par les pays de l’Union Européenne.

La stratégie annoncée est le fruit d’une consultation publique et prend en compte les contributions exprimées par plus de 2 500 participants. Elle veut mettre fin d’ici 2030 à la déforestation importée d’ici 2030. « L’objectif de cette stratégie est d’amener chaque acteur (producteurs, entreprises, investisseurs, consommateurs), à faire évoluer ses pratiques pour diminuer la déforestation. Elle vise, dans un premier temps, les matières agricoles qui contribuent le plus à la déforestation importée telles que le soja, l’huile de palme, le bœuf et ses co-produits, le cacao, l’hévéa, ainsi que le bois et ses produits dérivés » explique le gouvernement.

Il a prévu deux points d’étape en 2020 et 2025. Ce n’est que si les progrès accomplis lors de ces points d’étape restent insuffisants que le gouvernement envisagera de prendre « de nouvelles mesures contraignantes« .

17 mesures contre la déforestation importée

Les 17 mesures proposées portent tant sur l’offre que sur la demande de ces produits. Elles comportent entre autres :

  • l’élaboration de feuilles de route d’aide au développement avec les pays exportateurs, comprenant des critères de non déforestation ;
  • la création d’une plateforme nationale de lutte contre la déforestation pour suivre les engagements « zéro déforestation » des acteurs privés ;
  • l’intégration de l’objectif « zéro déforestation » dans les plans des filières agricoles ;
  • une politique d’achats publics « zéro déforestation » à l’horizon 2022 ;
  • le plafonnement de l’incorporation des biocarburants issus de matières premières ayant un fort impact sur la déforestation, jusqu’à complète élimination d’ici 2030 ;
  • la proposition aux partenaires européens d’un plan d’action pour lutter contre la déforestation importée par une réglementation.

Les réactions d’ONG

Greenpeace France commente cette stratégie nationale de lutte contre la déforestation importée en parlant de « timides avancées » qui ne compensent pas « l’autorisation qu’il a donnée à Total d’importer 550 000 tonnes d’huile de palme par an pour sa bioraffinerie de La Mède, ni son blocage de la suppression de l’avantage fiscal aux agrocarburants à l’huile de palme« .

« Comment un tel texte, qui ne prévoit aucune interdiction ou mesure réglementaire, pourra-t-il freiner la déforestation engendrée par la production d’huile de palme ou de soja ? Avec si peu de moyens pour la protection des forêts, il est évident que la France ne pourra pas respecter ses engagements internationaux, en particulier ceux de l’Accord de Paris sur le climat« , analyse Clément Sénéchal, chargé de campagne Forêts chez Greenpeace France.

WWF France regrette « que la stratégie ne soit pas accompagnée d’objectifs chiffrés, d’échéances et de moyens financiers spécifiques, et attend maintenant une traduction concrète de l’ambition affichée dans un plan d’actions qui permettra de rendre cette stratégie opérationnelle« .

En revanche, il accueille positivement « l’objectif de zéro déforestation importée en 2022 dans les achats de l’Etat ainsi que la volonté d’étudier la création un label “zéro-déforestation mais demande à ce qu’une échéance soit fixée et que ce processus soit mené à terme dès 2020« .

Sources : Ministère de la Transition écologique et solidaire, Greenpeace, WWF

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