Le rapport United in Science 2020, émanant d’organisations scientifiques de premier plan, met en évidence les effets croissants et irréversibles du changement climatique. Il montre également que le changement climatique ne s’est pas arrêté pendant la pandémie, mais que celle-ci a entravé la capacité à le surveiller dans le cadre du système mondial d’observation.
United in Science 2020 : un recueil des principales conclusions scientifiques
Le Projet mondial sur le carbone, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et le Met Office du Royaume-Uni, ont participé à cette deuxième édition du Rapport United in Science. Il était coordonné par l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
Le rapport United in Science 2020 avertit que les concentrations de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère atteignent des niveaux records et continuent d’augmenter. Et ce, malgré une baisse temporaire due à la pandémie de Covid-19, pendant le premier semestre de l’année. Les stations de référence de l’OMM ont signalé des concentrations de CO2 supérieures à 410 parties par million (ppm) au cours du premier semestre 2020.
Confinement : une faible incidence sur l’augmentation des concentrations de GES
Le réduction d’émissions de CO2 de 2020 n’a qu’une faible incidence sur le taux d’augmentation de ces concentrations atmosphériques. Elles sont le résultat des émissions passées et actuelles et de la très longue durée de vie du CO2. Pour stabiliser le changement climatique, il faut réduire durablement les émissions.
United in Science estime que les émissions de 2020 diminueront de 4 et 7 %, du fait du confinement. Les émissions quotidiennes mondiales de CO2 dues aux combustibles fossiles ont chuté de 17 % par rapport à 2019. Mais elles sont restées équivalentes à celles de 2006. Et dès le mois de juin, elles sont presque revenues à leur niveau de 2019. Les émissions de méthane dues aux activités humaines ont aussi continué à augmenter. Les émissions globales de gaz à effet de serre sont donc incompatibles avec les trajectoires qui permettraient d’atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.
L’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions en 2030 est estimé à 12-15 gigatonnes d’équivalent CO2 (GtéqCO2) pour limiter le réchauffement climatique à moins de 2 °C. Et à 29-32 GtéqCO2 pour le maintenir à 1,5°C. Il est encore possible de combler l’écart, mais pour cela il faut une action urgente et concertée de tous les pays et dans tous les secteurs.
Températures et niveau de la mer
Toujours selon le rapport United in Science 2020, la température moyenne à l’échelle du globe de la période 2016–2020 devrait être la plus élevée jamais enregistrée, soit environ 1,1°C supérieure aux valeurs de 1850–1900. Entre 2016 et 2020, l’étendue de la banquise arctique a été chaque année inférieure à la moyenne. La période 2016–2019 a enregistré une perte de masse glaciaire plus importante que toutes les autres périodes quinquennales depuis 1950.
En fait, le changement climatique dû aux activités humaines a une incidence sur toute la biosphère, du sommet des montagnes aux profondeurs de l’océan. Cela aboutit à une accélération de l’élévation du niveau de la mer, avec des effets en cascade pour les écosystèmes et la sécurité des personnes. La masse des calottes glaciaires et des glaciers a diminué dans le monde entier. L’océan n’a pas cessé de se réchauffer depuis 1970 et a absorbé plus de 90 % de l’excédent de chaleur accumulé dans le système climatique. Le niveau moyen de la mer s’élève à l’échelle planétaire avec une accélération au cours des dernières décennies en raison d’une perte croissante de glace des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique.
Les effets du changement climatique se font surtout sentir à travers la modification des conditions hydrologiques, notamment au niveau de la dynamique de la neige et de la glace. Le changement climatique devrait augmenter le nombre de régions en situation de stress hydrique et aggraver les pénuries dans les régions où il y a déjà un manque d’eau.
Les répercussions de la pandémie sur les systèmes d’information
Enfin le rapport United in Science 2020 met l’accent sur les répercussions importantes de la pandémie de COVID-19 sur les systèmes mondiaux d’observation. Ceci a nui à son tour à la qualité des prévisions et d’autres services liés au temps, au climat et à l’océan. Ainsi, la réduction de 75 à 80 % en moyenne des observations d’aéronefs en mars et avril a dégradé les capacités de prévision des modèles météorologiques.
Quant aux observations hydrologiques comme celles concernant le débit des cours d’eau, la situation est analogue à celle des mesures atmosphériques in situ. Les systèmes automatisés fonctionnent, mais les relevés qui doivent faire l’objet d’une lecture humaine sont touchés. Et selon United in Science, les impacts sur la surveillance du changement climatique risquent de durer.