Face à l’urgence climatique, 700 scientifiques français se sont mobilisés pour appeler le gouvernement à « passer de l’incantation aux actes pour enfin se diriger vers une société sans carbone ». Paru dans le quotidien Libération du 7 septembre, leur appel a un objectif : lui demander d’agir vite, « d’autant que des solutions sont disponibles« .
Un appel pour une action concrète
L’urgence d’agir a été particulièrement mise en lumière cet été « par une succession de catastrophes écologiques« . Leur constat est sans concession : « Nous sommes d’ores et déjà pleinement entrés dans le «futur climatique». Hausse des températures moyennes et récurrence des chaleurs extrêmes, y compris dans le nord de notre hémisphère tout cet été, fonte des glaciers et de la banquise, sécheresses, modification de l’aire de distribution de certains animaux et espèces végétales, destruction d’écosystèmes rares et précieux, hausse du niveau de la mer, désoxygénation et acidification des océans, etc. : les manifestations concrètes du changement climatique ne cessent de s’accumuler. Quant au futur, les projections d’impact sur les milieux, les espèces et les humains sont systématiquement revues à la hausse au fur et à mesure des nouvelles connaissances. »
Mais la lutte contre le réchauffement climatique tarde, malgré l’Accord de Paris. Or, pour le traduire dans les faits, « cela suppose d’engager une révolution de nos modes de développement, de notre rapport collectif à l’énergie et aux ressources naturelles, à la consommation, à la mobilité, au logement, aux loisirs, etc. Un projet d’une telle ampleur ne se réalisera pas en se contentant de signer un accord international« .
Des solutions existent
Les scientifiques constatent donc que, malgré les discours, rien n’avance, d’où leur appel. Les discours sont insuffisants : « Il est tout aussi crucial qu’urgent de sortir du champ de l’incantatoire et de traduire concrètement ces discours en choix politiques forts et clairs au service d’une transformation sociétale profonde et de traduire concrètement ces discours en choix politiques forts et clairs au service d’une transformation sociétale profonde. »
Or agir serait possible puisque cette transformation « repose pour beaucoup sur des solutions déjà disponibles : diminution de la consommation d’énergie, recours à des énergies décarbonées, meilleure isolation des bâtiments, mobilité repensée évitant les moteurs thermiques, ferroutage, agriculture écologique, production locale, verdissement des villes, économie collaborative et circulaire, révolution numérique, etc., autant de changements qui, s’ils sont bien conçus et combinés entre eux, nous aideraient à atteindre les objectifs climatiques tout en permettant de réduire notre empreinte sur la planète, notamment en diminuant la pollution et notre impact sur la biodiversité. »
Mais encore faut-il une véritable volonté des décideurs politiques. Car c’est bien le gouvernement qui doit d’abord agir : « Nous en appelons donc aux décideurs politiques. Nous sommes conscients du rôle qu’ont à jouer d’autres acteurs, notamment les entreprises et la société civile, mais il appartient aux gouvernements et aux Parlements de mettre en place les conditions – législatives, réglementaires, institutionnelles, budgétaires et fiscales – d’une transition vers une société sans carbone. Ils doivent rapidement et fortement réviser leur feuille de route climatique et la rendre à la fois plus transformationnelle et plus opérationnelle. »
Des opportunités aussi
D’autant que les opportunités pour agir ne manquent pas non plus : « Global Climate Action Summit ce mois-ci en Californie, nouveau rapport du GIEC en octobre, COP 24 en Pologne en décembre, sommet climat du secrétaire général de l’ONU à New York dans un an« .
Il faut donc, selon les scientifiques, que le gouvernement montre son engagement clair et immédiat : « un accord international n’est pas la fin mais le commencement d’un processus politique qui doit être mis en œuvre avec rigueur. Seuls des changements immédiats et des engagements de court terme, dans le cadre d’objectifs clairs et ambitieux à horizon 2030, peuvent nous permettre de relever le défi climatique. »
Source : Libération