L’ADEME publie une étude sur l’impact économique et le potentiel de développement des usages du vélo, réalisée avec différents partenaires dont la Fédération française de cyclisme (FFC). Elle dresse un état des lieux des différentes utilisations de la bicyclette, y compris professionnelles, et de leur trajectoire d’évolution à 5 ou 10 ans. L’étude mesure les effets économiques et analyse les bonnes pratiques internationales en matière de politique « vélo ».
Une étude pour éclairer les décideurs
L’objectif de l’étude est d’éclairer les décideurs publics et privés dans leurs projets de développement des mobilités cyclistes. Mais elle s’adresse aussi aux industriels du cycle et à ceux du sport, ainsi qu’aux professionnels du tourisme afin qu’ils tirent le meilleur bénéfice du retour à la pratique de la bicyclette.
Les enjeux du développement et du retour des usages du vélo sont bien présents dans cette période, où, dans un contexte de crise sanitaire et de transports en commun limités, de plus en plus de citadins se tournent vers ce moyen de transport. Son recours apparaît à beaucoup comme une solution et de nombreuses villes le favorisent au moins provisoirement.
Des bouleversements importants dans les usages du vélo en une décennie
Ces dix dernières années, la pratique et les usages du vélo ont fortement évolué, avec notamment d’importants efforts d’investissements des collectivités et la diffusion du vélo électrique. La décennie a d’ailleurs été marquée par différents bouleversements dans la pratique du vélo. Il est notamment revenu dans les centres des grandes villes (+30 % à Paris par exemple entre 2010 et 2018).
Son marché s’est considérablement accru en valeur (+51 % en 10 ans) et les fabrications françaises ont augmenté de 57 % pendant cette période. Parallèlement, les investissements en pistes cyclables ont augmenté de 40 % et le vélo est de plus en plus source de retombées économiques pour le tourisme.
Mais de larges marges d’amélioration
Mais la situation peut et doit encore s’améliorer. La France accuse un retard important en matière d’usages du vélo si on la compare à ses voisins européens. La facture territoriale est par ailleurs marquée. Si la pratique de la bicyclette augmente fortement dans les centres des grandes villes, elle continue à baisser dans les banlieues et en zone rurale.
Les enfants et les jeunes, qui représentaient dans les années 90 les principaux pratiquants, s’en sont détournés : le vélo a pratiquement disparu des écoles primaires, remplacé par l’accompagnement en voiture. Pour encourager le recours des plus jeunes à cette pratique de la bicyclette, il faut aller vers une sécurisation des voies réservées et le développement de parkings à vélo aux abords des établissements scolaires. De plus, la capacité de production française est insuffisante : 770 000 vélos par an pour un marché de 3 millions d’unités.
Des efforts ont déjà été faits mais il faut encore accompagner les usages du vélo. Les collectivités qui investissent beaucoup dans le vélo obtiennent des résultats et la période actuelle est très favorable à une accélération des usages du vélo en milieu urbain. Le potentiel de transfert modal est considérable. Et déjà sur les trajets courts où la part de la voiture est devenue prépondérante (78 % pour les trajets de 3,5 à 7 km). Il est donc nécessaire de développer la multimodalité en équipant les gares de parkings à vélo sécurisés.
Les vélos à assistance électrique (VAE) représentent un outil majeur pour réduire les fractures sociales et territoriales. Ils allongent fortement la portée moyenne des déplacements : les distances domicile/travail passent de 4 à 8 km. Et la fréquence de sa pratique augment également fortement.
Les usages du vélo dans le tourisme constituent un autre axe à encourager. Ils présentent une forte valeur ajoutée et une forte intensité en emplois non délocalisables. Des efforts d’investissements sont encore à réaliser, notamment sur le littoral méditerranéen. Le tourisme à vélo sur route ou en VTT en montagne présente aussi un fort potentiel et doit être promu et valorisé.
Des retombées économiques à ne pas négliger
Il ne faut en effet pas négliger les retombées économiques et les perspectives des usages du vélo. Elles sont importantes : actuellement les retombées économiques directes du vélo sont estimées à 8,2 milliards d’euros par an et près de 80 000 emplois. En tenant compte des activités induites et indirectes, ainsi que des bénéfices en matière de santé, les retombées socioéconomiques s’élèvent à 29,5 milliards d’euros.
Mais si la part modale des usages du vélo dans les déplacements au quotidien parvenait à atteindre 9 %, cela permettrait déjà de doubler ces retombées. A l’horizon 2030, une part modale ambitieuse de 24 % représenterait plus de 130 milliards d’euros de retombées socioéconomiques.
Source : ADEME