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Utilisation de la biomasse : inquiétude européenne sur les émissions de CO2

De plus en plus d’organismes s’inquiètent de la forte contribution de la biomasse aux objectifs d’énergies renouvelables en Europe, en raison des émissions de CO2 qu’elle génère. Les scientifiques et les ONG ont déjà réagi (voir notre article du 14/11/2011), et le parlement européen a demandé à ce que les règles de calcul des émissions de carbone générées par la biomasse soient révisées, mais cela ne semble pas une priorité.

Euractiv, qui fait écho de cette inquiétude, rapporte les paroles d’une personne proche du dossier : « Nous payons les gens pour qu’ils abattent leurs forêts au nom de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et nous continuons d’émettre plus de carbone. Personne ne daigne pourtant analyser la situation« . En effet pratiquement la moitié des 20 % d’énergies renouvelables à l’horizon 2020 (objectif de l’Europe) repose sur la biomasse issue du bois, des déchets, cultures et résidus agricoles, dans les états-membres. Et le bois, considéré comme « neutre en carbone » bénéficie donc de subventions, de tarifs de rachat, voire de prime au niveau national.

bois coupéMais, précise l’article, en raison du décalage entre la dette carbone causée par la coupe d’un arbre qui est ensuite transporté et brûlé, et le temps qu’il faut pour qu’un nouvel arbre soit suffisamment développé pour absorber autant de carbone que celui d’avant, la biomasse accroît les concentrations de CO2 dans l’atmosphère. Ce qui est confirmé par le professeur Delfet Sprinz, directeur du Comité scientifique indépendant qui conseille l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) :

Il est faux de prétendre que la bioénergie est neutre en carbone par définition, tout dépend de ce qu’on utilise pour la remplacer. Si vous remplacez une forêt en pleine croissance par des cultures énergétiques conformément aux règles de calcul actuellement en vigueur dans l’UE, il est possible que vous accroissiez les émissions de gaz à effet de serre.

Le comité scientifique de l’AEE a donc mis en garde sur l’augmentation des émissions carbonées que pourrait apporter l’utilisation des biocarburants. Le GIEC considère lui aussi que la biomasse ne peut pas être considérée comme neutre en carbone. L’Union Européenne en a pris conscience et souhaiterait adopter des critères plus contraignants pour l’utilisation de la biomasse dans la production énergétique. Mais certains pays riches en forêts, comme la Finlande, qui produit 20 % de son énergie à partir de la biomasse, ou la Suède (16 %) s’y opposent. Et le fonctionnaire européen, cité par Euractiv, doute que des  règles plus strictes soient mises en place : « Je ne pense pas qu’ils aient l’intention de prendre en compte les émissions de carbone issues de la combustion du bois. Ils ne sont pas convaincus qu’il s’agit d’un problème suffisamment important. »

Si les règles de calcul européennes ne font pas la différence entre les déchets et résidus agricoles, biomasse plus durable, et le bois, estimant les uns et les autres « neutres en carbone », le risque de voir s’accroître les émissions de CO2 pour des décennies est réel. Ainsi, rappelle Euractiv  : « Un arbre coupé produit immédiatement du bois avec une empreinte carbone plus élevée que le charbon, car brûler un arbre vieux de 100 ans entraînera la libération dans l’atmosphère de tout le carbone qu’il a absorbé et il faudra 100 ans avant qu’un autre arbre puisse absorber la même quantité de carbone. »

 Source : Euractiv

 

 

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