Une étude publiée dans la revue Nature estime que la hausse de la température de la planète pourrait se situer, à l’horizon 2100, 15 % au-dessus de ce que prévoit les scénarios les plus pessimistes du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du climat).
Organe scientifique de référence sur le réchauffement du climat, le GIEC a publié, dans son cinquième rapport (2014), quatre scénarios possibles de hausse de la température de la Terre à la fin de ce siècle, en fonction des volumes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) : RCP2.6, RCP4.5, RCP6.0 et RCP8.5. Le scénario RCP 2.6 implique de fortes réductions d’émissions de GES par la communauté internationale. Au contraire, le RCP8.5 (+4,3° C) est le plus pessimiste, mais c’est un scénario probable car il correspond à la prolongation des émissions actuelles. Mais les deux climatologues à l’origine de cette étude, Patrick Brown et Ken Caldeira, de l’Institut Carnegie de l’université de Stanford en Californie, estiment que « le réchauffement climatique sera probablement plus important » que le pire des scénarios du GIEC.
Des modèles plus pessimistes, se basant sur une augmentation des volumes de GES dans l’atmosphère, prévoient une augmentation de 3,2° à 5,9° C d’ici 2100, mais leur marge d’incertitude est importante. Les deux climatologues ont donc cherché à la réduire, en éliminant certains modèles mathématiques peu adaptés aux observations. Elle serait désormais de 0,4° au lieu de 0,7°. Ainsi souligne Robert Vautard, directeur de recherche CNRS à l’Institut Pierre-Simon-Laplace (IPSL) et expert des phénomènes extrêmes, cité dans un article du Figaro, « C’est un papier intéressant qui peut ouvrir des perspectives. L’intérêt tient à sa méthode qui permet une réduction de l’incertitude sur les projections climatiques. »
En fait, l’étude « élimine la partie basse de la fourchette » et conclut que « le réchauffement climatique le plus probable est d’environ 0,5° plus important que suggère le modèle brut du GIEC » concerné. Les deux scientifiques tablent donc sur une augmentation de 4,8° vers la fin du siècle par rapport à l’ère préindustrielle. « Nos résultats indiquent que parvenir à n’importe quel objectif de stabilisation de la température mondiale nécessitera des réductions plus importantes des émissions de gaz à effet de serre que celles précédemment calculées » affirment-ils.
Actuellement, la planète a gagné près de 1° C, selon les scientifiques, ce qui a suffi à provoquer d’importants désordres : intensité et fréquence des phénomènes extrêmes, fonte de la banquise, acidification des océans et augmentation de leur niveau moyen. Qu’en sera-t-il si on table sur une augmentation de température de 4,8° ?
Sources : Le Figaro, France-Info, Nature