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WWF : un vrai projet de développement durable pour la Guyane

Face à la menace du projet « Montagne d’Or » en Guyane, WWF France a mené une étude afin de présenter une alternative de développement durable. Elle porte sur le potentiel de développement économique du département et identifie plusieurs secteurs porteurs localement et créateurs d’emplois.

La Guyane

« Montagne d’Or », un projet qui inquiète

Montagne d’Or est un projet, très critiqué en raison de ses impacts environnementaux, de mine à ciel ouvert pour extraire de l’or en Guyane. Il devrait débuter en 2019. Il entraînera le déboisement de plus de 1 500 hectares en Amazonie, dont 575 hectares de forêts primaires. Il est majoritairement porté par une entreprise russe, Nordgold.

De nombreuses associations s’inquiètent des effets de ce projets sur l’environnement et remettent en cause l’intérêt économique de Montagne d’Or. C’est dans ce contexte que WWF a demandé au Cabinet Deloitte Développement Durable une étude sur le potentiel de développement économique de la Guyane.

Miser sur l’agriculture plutôt que sur l’extractif

L’étude analyse le contexte économique guyanais et évalue les opportunités et conditions de développement de filières stratégiques pour ce territoire. Elle révèle que « le secteur extractif est le secteur marchand disposant des plus faibles effets d’entraînement sur le reste de l’économie guyanaise ».

Les auteurs ont procédé à une étude intersectorielle du tissu économique guyanais afin de faire ressortir les secteurs d’activité à forts et faibles effets d’entraînement sur l’économie locale. Ses résultats montrent la non-pertinence économique du développement du minier industriel – le minier artisanal étant déjà une réalité dans la région. Ce secteur importe effectivement 75 % des biens et services dont il a besoin pour produire, au lieu de les acheter à l’économie locale.

« Ainsi, lorsque le secteur extractif augmente sa production de 100 euros, seuls 7,5 € vont à l’économie locale alors que, comparativement, les secteurs de l’agriculture et de la pêche achètent 33 € de biens et services au reste de l’économie, le secteur du bois 32 € et le secteur audiovisuel 24 € » précise WWF.

10 secteurs à privilégier en Guyane

En revanche, l’étude identifie 10 secteurs à forts effets d’entraînement dont le développement pourrait permettre de répondre aux besoins du territoire : agriculture et élevage ; pêche ; agroalimentaire ; bois ; tourisme ; énergies renouvelables ; gestion des déchets ; construction ; audiovisuel ; économie de la connaissance.

Elle propose par ailleurs des actions à mener pour amorcer le décollage de ces secteurs. Elle présente ainsi plusieurs pistes de réflexion opérationnelle pour chaque secteur, en modélisant les conséquences économiques d’une augmentation de la production de chacun. « Cela nous apprend par exemple qu’une augmentation de la production de 10 millions d’euros dans le secteur de l’agriculture générerait 8,5 millions d’euros de valeur ajoutée et créerait 128 emplois. »

Deux scénarios pour un développement durable

Deloitte Développement Durable a établi plusieurs scénarios. Le premier s’appuie sur une projection de l’Insee, estimant le nombre nécessaire d’emplois à créer en Guyane à 2000 par an à l’horizon 2022. « Ce scénario pourrait être satisfait par une augmentation cumulée de la production des dix filières prioritaires de l’ordre de 163 millions d’euros par an (un objectif réaliste). Cela permettrait de créer 78,8 millions d’euros de valeur ajoutée pour l’ensemble de l’économie et 2 360 emplois

Le deuxième scénario s’appuie sur l’objectif de la France, soit 7 % de chômage dans la population active. « D’après l’étude, cela nécessiterait une augmentation de la production dans les 10 filières identifiées de 270 millions d’euros par an (objectif plus ambitieux mais considéré accessible par Deloitte Développement Durable). Cette augmentation générerait plus de 4 020 emplois et 130 millions d’euros de valeur ajoutée supplémentaire pour l’ensemble de l’économie. »

Deloitte Développement Durable conclut ainsi : « Nous terminons cette étude avec la conviction que la Guyane a tous les atouts pour devenir un centre de rayonnement et d’attractivité français, européen et mondial auprès des touristes, investisseurs, chercheurs et talents. Elle a les ressources et le potentiel de développer un tissu économique et un modèle de développement durable, solide, créateur de valeur ajoutée et d’emplois et répondant à des objectifs ambitieux d’ici 2030-2040 ».

Sources : WWF

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