
Construire un numérique plus juste et respectueux de l’environnement est un enjeu majeur. Le cabinet Davidson Consulting organisait la semaine dernière une « Semaine de l’Impact du Numérique » et présentait une série de conférences pour partager les pistes et les leviers qui nous permettront de réduire l’impact environnemental d’un projet numérique. Une bonne occasion pour faire un tour d’horizon et voir où nous en sommes et vers où nous devons aller, en matière d’utilisation et de conception numérique.
Le numérique et nous
Vis-à-vis du dérèglement climatique, nous nous trouvons face à une urgence absolue. Les émissions de carbone doivent être réduites. Or celles du numérique sont en évolution constante. Une conférence intitulée « Impact du numérique : du junky au concepteur frugal » animée par Frédéric Bordage (Collectif Green IT) & Bertrand Bailly (Davidson consulting) soulignait l’enjeu du numérique aujourd’hui et demain.
En effet, 2/3 de l’impact du numérique sont du côté des appareils des usagers. Dans le monde actuellement, cela représente 34 milliards d’équipements, soit 4 équipements par Terrien avec un temps de connexion moyen de plus de 6 heures et demie. Au niveau de la France, on dénombre 651 millions d’équipements, soit en moyenne une quinzaine par Français de 15 ans et plus. Et nous restons connectés 4 heures et 38 minutes en moyenne.
Une grande partie de l’impact du numérique repose sur l’extraction des matières premières et la transformation en usine. Or les ressources dont nous sommes totalement dépendants s’amenuisent. Qu’en restera-t-il dans 30 ans, au rythme où on les utilise ? Moins fabriquer et donc garder plus longtemps les équipements est donc une question de survie pour le numérique même. Mais cela ne suffira pas : il faut également arbitrer nos usages. Une loi vient d’ailleurs d’être définitivement adoptée pour réduire cet impact numérique.
Les datacenters : un monde très gourmand en ressources
Une autre conférence portait sur « Les datacenters : du matériel à l’utilisateur final, impacts environnementaux d’un service hébergé ». C’est lorsqu’on décide d’étudier l’impact écologique du matériel que l’on peut prendre la mesure de la consommation d’énergie et de ressources qui sont impliquées. Se pose alors la question des possibilités d’optimisation qui s’offrent à nous pour la gestion du cycle de vie d’un ordinateur, d’un écran ou d’un datacenter.
Le plus gros impact des centres de données résident dans les composants qui vont permettre d’assembler les serveurs, et vient avant la consommation d’électricité. Mais l’un des problèmes principaux reste la chaleur et le besoin de refroidir. Aujourd’hui l’ensemble des acteurs de la filière ont du mal à calculer l’impact environnemental des serveurs. D’autant que leur durée de vie est limitée.
En conclusion, il existe le principe de high tech versus le low tech. Tous les usages de la technologie ne sont pas mauvais, tant s’en faut. Mais il faut l’utiliser à bon escient. Par exemple, si l’on doit prioriser, mieux vaut pouvoir dans le futur faire un scanner que regarder une vidéo en streaming. Mais cet avis sur la priorisation des usages n’est bien entendu pas partagé par tous. En soi la technologie n’est pas « mauvaise », elle peut même sauver des vies. Cependant, aujourd’hui, nous en sommes trop gourmands et trop grands consommateurs.
L’impact du numérique en témoignage
Pour finir, un témoignage « en direct » d’Ophélie, chargée de mission écocitoyenneté à Eco CO2, sur ces conférences. « Cette série de conférences proposées au format présentiel et distanciel m’a permis de participer à cette semaine de l’impact du numérique de chez moi ; une superbe opportunité puisque la thématique est très intéressante et surtout d’actualité.
La première m’a beaucoup plu car elle questionnait notre relation au numérique, le fait que nous soyons très gourmands au point d’en devenir dépendant. Le propos tenu était que la technologie est omniprésente et mise en avant comme solution incontournable à de nombreux ‘’problèmes’’. Cependant, des alternatives non numériques sont parfois (voire souvent) plus pertinentes, efficaces et adaptées à la situation donnée. Ainsi, il a été mis en opposition le High Tech et ce qu’on appelle le Low Tech. Un exemple présenté qui illustre bien ce cas concerne la détection de cellules cancéreuses : d’un côté, on a des robots capables d’identifier les cellules et de l’autre des chiens renifleurs dresser à identifier les phéromones dégagées par ces cellules. La conclusion est donc que la technologie et le numérique ont du positif, un scanner est un outil technologique qui permet de sauver des vies, mais que la systématisation de leur utilisation dans notre quotidien est une aberration environnementale, du fait de leur impact au moment de l’extraction des ressources, qui s’épuisent, et de la fabrication du matériel.
Durant la deuxième conférence, j’ai pu en apprendre davantage sur le monde des datacenters avec lequel je ne suis pas spécialement familière. Cela a permis de déconstruire certaines idées reçues que je pouvais avoir comme le fait que l’énergie consommée par les serveurs dans l’utilisation du web est la plus grande source d’émission de GES. Or, ce sont les composants des dits serveurs qui ont le plus d’impact. On revient sur l’étape d’extraction des matières premières et de la fabrication finalement. J’ai également pu voir que les fabricants avaient conscience des enjeux et que de nombreuses actions étant d’ores et déjà mises en place afin de limiter l’impact environnemental des serveurs.
En somme, je suis ravie d’avoir participé à ces deux conférences. Mes connaissances sur le monde du numérique et son impact sur l’environnement ont été enrichies. »
Sources : Davidson Consulting