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Une résolution climat déposée par 11 actionnaires de Total : une première !

Une résolution climat pour l'Assemblée générale de Total !Pour la première fois, un groupe de 11 actionnaires de Total a déposé, en vue de l’Assemblée générale du groupe le 29 mai, une résolution climat. Elle demande au géant pétrolier de se conformer aux objectifs de l’Accord de Paris et de réduire drastiquement ses émissions de gaz à effet de serre. Cette résolution climat doit être approuvée par le Conseil d’administration, avant, si elle est acceptée, d’être votée lors de l’Assemblée générale.

11 actionnaires pour la résolution climat

Parmi les 11 actionnaires signataires de la résolution climat, on trouve notamment La Banque Postale, Crédit Mutuel Asset Management, Actiam ou encore Ecofi Investissements, et la société de gestion Meerschaert qui a coordonné l’initiative. Le groupement représente au total 1,35 % du capital du groupe pétrolier.

Le texte vise à modifier les statuts de l’entreprise afin « d’aligner ses activités avec les objectifs de l’accord de Paris, en précisant un plan d’action avec des étapes intermédiaires pour fixer des objectifs de réduction en valeur absolue des émissions, directes ou indirectes, de gaz à effet de serre des activités de la Société liées à la production, la transformation et l’achat de produits énergétiques (Scope 1 et 2) et à l’utilisation par les clients des produits vendus pour usage final (Scope 3) à moyen et long terme et les moyens mis en œuvre par la Société pour atteindre ces objectifs ».

Un véritable changement de cap

Ces investisseurs estiment avoir « pour obligation de prendre en compte le risque climatique dans la gestion de [leurs] portefeuilles ». « Le management de Total ne prend pas suffisamment en compte cette question, et elle n’est pas traduite par des objectifs concrets et chiffrés », explique au Monde Aurélie Baudhuin, directrice générale déléguée de Meeschaert. On voit des acteurs du secteur comme BP ou le norvégien Equinor qui s’engagent de plus en plus. »

Le texte de la résolution climat propose donc un changement de cap important : cesser l’exploration et l’exploitation de toutes nouvelles réserves d’hydrocarbures, de s’engager dans une trajectoire chiffrée et de prendre en compte l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre liées à son activité. Alors que 85 % des émissions de Total sont liées aux produits vendus, le groupe a en effet toujours refusé de comptabiliser ces rejets comme les siens.

« Nous sommes responsables de nos émissions propres, celles sur lesquelles nous pouvons agir, mais pas de celles générées par la consommation des produits par des clients », expliquait ainsi le PDG, Patrick Pouyanné, dans un entretien à HEC Magazine, en janvier. De plus, le groupe rassemble en une seule branche « bas carbone » ses activités énergies renouvelables et gaz. Or le gaz est aussi fortement émetteur de carbone. Le texte demande donc plus de transparence.

Total déjà mis en cause par des ONG

D’après le think tank Carbon tracker, Total devrait réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 40% au minimum et réduire sa production de pétrole et de gaz de 35% d’ici 2040 pour aligner sa politique sur un scénario compatible avec l’Accord de Paris. Bien que la résolution climat ait peu de chances d’être adoptée en l’état, elle accentue tout de même la pression sur le groupe, déjà mis en cause par des ONG comme Reclaim Finance, qui œuvre pour la mise en place d’un système financier orienté vers la lutte contre le changement climatique et la protection de l’environnement.

« Pour la première fois, des investisseurs se mobilisent pour pousser le premier émetteur de gaz à effet de serre du CAC 40 à se transformer de manière à répondre à l’urgence climatique. Il faut aujourd’hui saluer l’action de ces onze investisseurs (…). Mais on ne peut manquer de relever et questionner l’absence des plus gros investisseurs français à commencer par BNP Paribas pourtant en charge de mener les efforts d’engagement actionnarial auprès de Total pour le CA100+ », commente Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance. « Face à la responsabilité de Total dans la crise climatique et écologique, l’inaction ne saurait être une option : les investisseurs doivent désinvestir ou alors soutenir et voter la résolution aujourd’hui déposée. »

Sources : Le Monde, Greenpeace, Environnement Magazine, Reclaim Finance

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